dimanche 5 janvier 2014

Les variations GOULD-berg




Le billet suivant est une reprise d'un Quinze que j'en pense, datant originalement du 15 octobre 2011.

Le contenu musical et texte furent revisés afin d'adresserdes commentaires.

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Les Variations Goldberg
Une "nouvelle version" des Variations Goldberg par Glenn Gould ?

Le 21 juin 1954, la radio anglaise de la société Radio-Canada annonce un changement à sa programmation régulière. L’émission hebdomadaire Distinguished Artists durera exceptionnellement 45 minutes, afin d’accommoder son invité et l’œuvre qu’il a choisi d’interpréter.

L’artiste distingué est un jeune pianiste de 21 ans du nom de Glenn Gould, et il interpréta ce soir-là les variations Goldberg de Jean-Sébastien Bach. Je reviedrai plus tard cette année avec une réflexion spécifique commémorant le 60e aniversaire de cet éphéméride musical, mais en atttendant, je vous propose une petite expérience...

Glenn Gould est un pianiste qui polarise notre communauté de mélomanes. Pour certains, il est une figure de culte, et chez d’autres un mystérieux et étrange pianiste, et parfois même un homme aux opinions controversées. Il demeure toutefois que son talent, sa technique, et son sens de l’interprétation méritent amplement l’admiration de la majorité des mélomanes. Son retrait de la scène publique et son décès prématurés ne font que nourrir le mythe qui entoure cet artiste, musicien, et maître d’œuvre de productions sur disque, à la radio et à la télé.

"GG" et les variations Goldberg sont inséparables – je ne peux penser à une autre combinaison d’œuvre et d’artiste qui possède le même cachet, ou qu’on puisse associer d’une façon aussi incontournable. Si vous me permettez l’analogie, ses enregistrements des Goldberg en 1955 et 1981 sont la paire d’appuie-livres parfaits, l’alpha et l’oméga de sa discographie (hormis les quelques enregistrements mis en marché posthumément.) En plus des disques, il doit y avoir des dizaines de performances publiques par GG entre 1954 et 1964, et au moins deux prestations télévisées, dont celle-ci, datant du 3 juin 1964:

Difficile à croire aujourd’hui, mais avant la parution de son enregistrement en 1955, la discographie de ce chef-d'oeuvre est plutôt mince, et sans doute l'interprétation la plus acceptée étant celle-ci, datant de 1933, par la claveciniste Wanda Landowska. Depuis la version GG de 1955, il y a eu une véritable prolifération d’enregistrements de cet opus, au clavecin ou au piano, et plusieurs d’entre elles plus "traditionnelles". Mon objectif aujourd’hui est de commenter les quatre enregistrements faits par Gould et disponibles sur CD. Les voici, en ordre chronologique d’enregistrement:

La séance radiodiffusée du 21 juin 1954

En 1995, la Société Radio Canada a entrepris le transfert des enregistrements témoin des performances de Glenn Gould à la radio pour sa série de disques «Perspectives». Un coffret des rassemble l'ensemble de ces enregistrements sous le nom "GOULD: The Young Maverick" et fut l'objet d'une Chronique du Disque en octobre 2011 (avec hyperlien e téléchargement) .De ces prestations, la SRC a retenu la performance des Goldberg mentionnée au début de mon intervention. Celle-ci précède de près d’in an jour pour jour la session en studio pour Columbia qui a rendu Gould célèbre. Dans cette prestation, GG offre une performance bien en place, et propose un aria da Capo qui présage l’aria très lent de 1981. Un document pour les mordus, qui néanmoins met en valeur la dextérité et l’approche musicale typiques de cet interprète.

Enregistrement Mono en studio (Columbia, 10-16 juin 1955)



C'est ce disque qui lance la carrière internationale et discographique de Gould. Le nombre de copies vendues de ce disque sont (même aujourd’hui) phénoménales: 40 000 copies entre 1955 et 1960, et plus de 100 000 copies au moment de son décès en 1982. Les notes offertes en pochette (de la plume du pianiste) offrent un regard sur l’approche et le génie de l’interprète (en anglais)

(Enregistrement disponible sur mqcd-musique-classique.com)

Festival de Salzbourg, 25 août 1959


Cet enregistrent stéréo fut mis en marché après le décès de l’interprète et représente un document spécial, compte tenu du dédain légendaire que Gould avait des performances publiques. Dans ce cas-ci, toutefois, même Gould admit lui-même que cette performance fut une rare expérience où tout se plaça parfaitement devant un public chaleureux. Contrairement aux enregistrements précédents, vous entendrez la "carte de visite" de GG - sa manie de chantonner en jouant... (Plus de détails dans mes Coups de Coeur 2011).

Enregistrement numérique en studio (CBS, avril et mai 1981)


Depuis Salzbourg, Gould aura cessé ses performances pibliques (en 1964) pour se consacrer è la mise en oeuvre de projets à la radio et à la télé, et se limite au studio pour faire de la musique, et aura ainsi touché l'ensemble de l'oeuvre pour clavier de Bach, et même cetaines oeuvres pour l'orgue. GG accepta de revisiter les Goldberg environ 25 ans après son enregistrement historique, dans le même studio New-Yorkais de Columbia, mais cette fois pour le compte d’une nouvelle technologie (le numérique) et fort de plus de 15 ans de travail exclusif en studio. Il s’agît ici du document, du legs si on veut, d’un vieux routier, qui comprend et maîtrise tous les aspects de la production et post-production d’un enregistrement dans tous ses détails. On ne peut que croire qu’il s’agît du document « parfait », réalisé exactement à l’image de l’artiste et une représentation en tous points fidèle à sa conception de la performance de cette pièce. Le cinéaste et collaborateur de Gould, Bruno Monsaingeon, filma les sessions en studio, et en réalisa un documentaire tout à fait fidèle à l’enregistrement mis sur le marché par CBS.



Il existe sur YouTube bon nombre de clips qui comparent ces différentes versions. Je vous en propose deux:





Toutes ces versions ont leurs points forts, leurs faiblesses et leur cachet historique particulier. Notez, par exemple, comment Gould devient de plus en plus introspectif et excentrique au long de cette série de performances. Si je dois en choisir une comme « préférée », je choisirais sûrement la version Salzbourg, justement à cause du caractère unique des circonstances entourant cette prestation.

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