vendredi 4 avril 2014

La Troisiène symphonie de Mahler





Le  montage # 150 est disponible pour écoute et téléchargement depuis la chaîne Community Audio du site Internet Archive à l'adresse suivante: https://archive.org/details/pcast150



pcast150-Playlist.pdf

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Cette semaine marque la convergence de plusieurs événements: le troisième anniversaire de notre « expérience bloguesque », le début d’un nouvel arc thématique (« l’opus unique ») et l’important jalon qu’est notre 150e montage audio dans notre série entamée le 1er avril 2011.

Comme je l’ai fait pour mes 50e et 100e montages, le montage de cette semaine est une « édition prolongée » de notre B + B hebdomadaire, excédant le plafond des 90 minutes que je m’impose habituellement par presque 15 minutes avec une prestation bœuf de la troisième symphonie de Gustav Mahler.

La troisième en contexte

Dans une analyse hyper-simplifiée des 9 symphonies « achevées » de Mahler, on peut regrouper ces œuvres dans deux grandes catégories : celles influencées par les lieder du compositeur (et en particulier Des Knaben Wunderhorn) qui englobe les quatre premières symphonies, et les autres qui furent composées après le mariage de Mahler avec Alma Schindler, et qu’il compose suivant un rituel bi-annuel (un été de composition suivi d’un été d’orchestration).

A cause de sa notoriété particulière, on s’attendrait que la huitième symphonie – dite la « symphonie des Mille » - soit l’œuvre de Mahler la plus ambitieuse et la plus longue. Toutefois, nonobstant l’aspect unique de cette symphonie et ses effectifs gargantuesques, c’est la troisième qui gagne la palme de la plus longue – à plus de 100 minutes – et qui se distingue à mon avis comme celle qui maintient le mieux le fil conducteur entre ses composantes.

Le fil conducteur de la troisième est la nature dans le contexte d’une panoplie d’émotions humaines, exprimées par l’ensemble de l’orchestre, ainsi que par les textes interprétés par la soliste et les deux chœurs appelés à intervenir à mi-chemin dans l’exécution de la symphonie. Le programme imaginé par le compositeur exalte la nature et reprend les étapes de la Création : Le premier mouvement devait symboliser les forces telluriques, le second la végétation, le troisième les animaux, le quatrième la naissance de l'homme (la contralto chantant un texte d’Ainsi parlait Zarathoustra de Friedrich Nietzsche), le cinquième les anges (chœur d'enfants reprenant un thème de Des Knaben Wunderhorn) et le dernier mouvement, hymne à l'amour, conclut la symphonie dans un apaisement méditatif.

La performance d’aujourd’hui

Une prestation de la troisième de Mahler, à mon avis, ne requiert pas une tension excessive, ou même le recours à des effets orchestraux survoltés; l’importance ici est le besoin d’un mouvement perpétuel, (d’un momentum continu, si vous me passez l’anglicisme), et d’une compréhension du fil continu.

Leonard Bernstein, lors d’une entrevue concernant une toute autre performance, rappelle les savantes paroles de son maître, Serge Koussevitzky: «Do not forget the principal line » - n’oubliez pas la ligne principale. Si on considère les performances de Bernstein au cours de sa carrière, on fait souvent face à un chef qui peut exagérer les tempi, ce qui fait maugréer la critique et ses Mahler sont un exemple frappant de cette extravagance!

Les prestations de Bernstein au cours de la dernière phase de sa carrière (il endisquait alors quasi-exclusivement pour la maison DG) avaient tendance à être des « événements » - souvent enregistrés en public, et préservés sur bande magnétoscopique. On pense, par exemple, à son intégrale Viennoise des symphonies et concertos de Beethoven). Clairement, Bernstein « en met plus » s’il dirige devant public. Sauf erreur, l’enregistrement d’aujourd’hui est une prestation publique, et je suis persuadé que les mélomanes présents au Lincoln Center de New-York ont quitté avec un sourire mur-à-mur.  Oui, Bernstein attaque la partition avec un tempo plus lent que la norme, mais il s’en tient scrupuleusement au fil directeur, et projette un sens de mouvement à l’orchestre qui entraîne les auditeurs dans ce récit compliqué, évitant les longueurs. Les interventions chantées de Mme Ludwig et des chœurs – spécialement le chœur d’enfants dans le « Bimm! Bomm! » sont bien en place. Quelques musiciens de l’orchestre (dont le vénérable violon-solo Glenn Dichterow) se distinguent avec des solos.

On pourrait remplir des pages avec nos impressions d’enregistrements rivaux – dans ma collection personnelle, je compte également les versions Kubelik/Radiodiffusion Bavaroise et Chailly/Concertgeboiuw, qui sont tous deux excellents, et vous aurez sans doutes vos préférées – y compris la version CBS Bernstein des années 60… La version choisie ici est ma préférée, donc un choix personnel!



Bonne écoute!


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