mardi 1 avril 2014

Salome (R. Strauss)


Le billet suivant est mon Mardi en Musique du 1er avril 2014. 

Notre opéra du mois d'avril, Salome de Richard Strauss, est un des rares opéras basés (si ce n’est que partiellement) sur un épisode biblique. Le répertoire opératique fait souvent appel à des épisodes historiques – basés sur des faits vécus, ou purement fictifs. Souvent, même des faits vécus sont remodelés pour des fins dramatiques… Quoiqu’ils soient fort populaires sous le format d’oratorios, les épisodes bibliques sont moins fréquents dans le répertoire opératique: Samson et Dalila de Saint-Saëns, et Nabucco de Verdi, mais à part ceux-ci (au risque de me faire corriger par mes lecteurs), on en compte peu d’autres. Cela s'explique peut-être par cette anecdote; la pièce Salome d'Oscar WIlde - le point de départ pour l'opéra d'aujourd'hui  - était prévu pour la saison londonnienne de la grande Sarah Bernhardt en 1892. Les répétitions furent interrompues lorsque le Lord Chamberlain interdit qu'on monte Salomé car était illégal de dépeindre des personnages bibliques sur scène.

Salomé, belle-fille du tétrarque de Galilée Hérode Antipas, qui, à la consternation de son beau-père, mais au grand plaisir de sa mère Hérodiade, demande qu'on lui apporte la tête de Iokanaan (Jean le Baptiste) sur un plateau d'argent comme récompense pour avoir exécuté la danse des sept voiles. L’épisode du Nouveau Testament (Mc 6:17-29 et Matt 14:3-11) dans les mots de l’évangéliste Matthieu propose l’essentiel de l’histoire de Salomé:


Citation:
Or, lorsqu'on célébra l'anniversaire de la naissance d'Hérode, la fille d'Hérodias dansa au milieu des convives, et plut à Hérode, de sorte qu'il promit avec serment de lui donner ce qu'elle demanderait. A l'instigation de sa mère, elle dit: Donne-moi ici, sur un plat, la tête de Jean-Baptiste. Le roi fut attristé; mais, à cause de ses serments et des convives, il commanda qu'on la lui donne, et il envoya décapiter Jean dans la prison. Sa tête fut apportée sur un plat, et donnée à la jeune fille, qui la porta à sa mère.
La tradition veut qu’on associe Salome avec la seduction “dangereuse”, la sexualité en plus d’un aspect frivole et de sa froideur qui aurait mené è l’exécution du prophète. Toutefois, cette image va à l’encontre de celle promue par l’historien hébreu Flavius Josèphe qui dans ses écritures sur l’antiquité juive propose que Salome aurait vécu assez longtemps pour se marier deux fois et élever plusieurs enfants!

C’est donc l’extrapolation de l’épisode biblique qui inspire la pièce d’Oscar Wilde – scandaleuse pour son époque – une femme fatale sanguinaire qui succombe à la folie. 

La version originale de la piièce (1891) est en français; la traduction en anglais parut en 1894. Sur la page de dédicace, Wilde indique comme traducteur lord Alfred Douglas. En fait, Wilde s'était querellé avec lui au sujet de la traduction, peu satisfait de ce travail dont « le résultat fut décevant ». Il semble que le texte anglais soit l'œuvre de Wilde lui-même, qui s'est fondé sur ce qu'avait fait Douglas. A cette même époque, s'ouvrit le procès au cours duquel s'opposèrent Wilde et le marquis de Queensberry, père d'Alfred Douglas, et à l'issue duquel Wilde se vit condamné à deux ans de travaux forcés. La combinaison du procès et le sujet de la pièce lui donnent sa réputation controversée. 

La version opératique de Richard Strauss reprend le texte de la pièce dans une traduction d'Hedwig Lachmann. Il s'agit du troisième opéra de Strauss, et jusqu'alors on connaissait Strauss comme compositeur de poèmes symphoniques et d'autres pièces, tandis que ses deux premiers opéras avaient échoué. A partir de ce succès, on verra Srauss s'établir comme un artiste dominant dans le monde de l'opéra Germanique de son époque.

Outre les exigences quant à la voix de la principale intéressée et à son physique, le rôle requiert également l'agilité et la grâce d'une ballerine prima donna quand il faut exécuter la célèbre « danse des sept voiles ».







Richard STRAUSS (1864 –1949)
Salome, op. 54
Opera en un acte, livret allemand du compositeur, base sur une traduction de la pièce d’ Oscar Wilde du même nom par Hedwig Lachmann 

DISTRIBUTION PRINCIPALE

Catherine Malfitano, Salome
Bryn Terfel, Iokanaan
Kenneth Riegel, Hérode
Hanna Schwarz, Hérodias
Kim Begley, Narraboth

Wiener Philharmoniker, Christoph von Dohnányi drection
Lieu d’enregistrement: Grosser Saal, Konzerthaus, Vienne (Avril 1994)

Argument : http://fr.wikipedia.org/wiki/Salome_...A9ra)#Argument
Livret : http://www.operatoday.com/documents/Salome.pdf

(Le comentataur Sean Bianco propose son introduction parlée avant la performance - en anglais)




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