dimanche 16 novembre 2014

Ein Deutsches Requiem



Le billet suivant est la reprise d.un billet du blog  I Think You Will Love This Music Too (Montage # 94) du 1er mars 2013


pcast094- Playlist


Maman vouait une grande admiration au dentiste L’Espérance. Le vieux chirurgien-dentiste faisait ses consultations à son domicile, à l’angle des rues Villeray et Saint—Denis dans la Petite Patrie, cet arrondissement Montréalais rendu célèbre par l’auteur Claude Jasmin.
Lors d’une visite chez le dentiste – je devais avoir 10 ou 11 ans – ma mère posa une question. A la télé, on recommande plein de dentifrices. Lequel devrait-on utiliser?
Le sage vieillard avait une réponse des plus spirituelles: «Celui qui vient avec une brosse à dents
Quelle sagesse! Cette anecdote peut s’appliquer à tant de petites choses dans la vie, y compris la foi et la religion.
Avant de me faire réprimander, laissez-moi vous assurer que je ne fais pas ici de propagande religieuse. Personnellement, je m’en tiendrai qu’à ceci : afin d’établir un équilibre moral et spirituel, l’Homme a besoin de la foi, et libre à chacun d’exprimer sa foi comme bon lui semble. Je laisse à d’autres le soin de prêcher les dogmes et les doctrines religieuses…
Toutefois, là où on parle musique, on se doit de parler musique sacrée et spirituelle, et ces musiques trouvent leur origine principalement dans nos Églises et autres refuges religieux. Que ce soit le fameux ”Anonymous”, ou Johann Sebastian Bach, les grands compositeurs classiques et romantiques, ou les icônes modernes comme Olivier Messiaen, on doit le répertoire sacré du chant Grégorien, hymnes, antiennes et chorals jusqu‘aux grandes messes Latines à ces grands luminaires.
L’Église Catholique reconaît le Requiem comme étant une messe votive (i.e., une messe avec une intention particulière, comme le mariage par exemple) dédiée au repos de l’âme d’un défunt. Le Requiem suit un rite de prières et de litanies très précis, qui inclut des images parfois horribles du Jugement Dernier.
Le réformiste Martin Luther exprime une opinion sur le message du rite Catholique de la Messes des Morts ("[les] messes de requiem et les célébrations annuelles de requiem sont inutiles, et ne font seulement la foire du Diable"). Ceci ne veut pas dire que les Églises Protestantes, Anglicanes ou les autres traditions de foi chrétiennes n’ont pas de rites funéraires. En fait, et ceci s’aligne bien avec les services dominicaux de ces traditions, ces rites se veulent dédiés aux survivants du défunt, afin de les aider à composer avec leur deuil et leur offrir le confort qu’on peut trouver dans les Écritures.
C’est donc dans ce contexte que l’on doit considérer le chef-d’œuvre de Johannes Brahms Ein Deutsches Requiem. Avant Brahms, Robert Schumann (esquisses), Heinrich Schütz, Michael Haydn, et Franz Schubert, composent des Requiems en Allemand, usant d’extraits de la Bible Luthérienne ou d’autres traditions Protestantes. Toutefois, de toutes ces tentatives, c’est l’œuvre de Brahms qui retient l’attention, et ce plus de 140 ans après sa création.
A 33 ans, Brahms a dû composer avec le décès de son ami et mentor Schumann et ensuite avec le décès de sa mere. Toutefois, ce Requiem Allemand se veut plus qu’une commémoration de ces lourdes pertes – il se veut un message d’espoir pour tous (d’ailleurs, Brahms regretta d’avoir appelé son œuvre «Requiem Allemand», ayant plutôt opté pour «Reqiiem pour l’Humanité».)
Brahms assembla ses choix de texte avec grand soin, assemblant des versets provenant de divers livres de la Bible Luthérienne, afin de créer une tapisserie de consolation et de réconfort.
Au mieux, Brahms faisait preuve d’ambivalence vis-à-vis la foi chrétienne, et son Requiem se veut une œuvre qui transcende tell ou telle tradition spécifique. Antonin Dvořák exprima l’opinion de plusieurs quand il dit “Quel grand homme (Brahms), quelle grande âme, mais il ne croit en rien du tout.”. Ces genres de commentaires de rendent pas justice au côté spiritual et philosophioque de Brahms, qui croyait que l’Homme doit chercher en son for intérieur afin d'y débusquer les mystères de la vie.
Brahms composa le Chant du Destin après le Requiem Allemand, en 1871, mettant en musique l’œuvre de Hölderlin. Avec ses choix musicaux, Brahms cherche à contrebalancer le message sombre du poème, afin d’offrir un message d’espoir.
Bonne écooute!
(N’oubliez pas de brosser vos dents tous les soirs!)

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