mercredi 15 février 2017

Le piano de Scott Joplin



Le billet su ivant est un de mes Quinze que j'en pense pour le mois de février 2017.



NDLR: Nos amis du site mqcd-musique-classique ont des difficultés techniques. Nous gardons espoir de les retrouver sur la toile bientôt. En atendant, voici un autre billet de notre série Quinze que j'en pense, que je compte offrir sous la forme d'hyperlien sur la page FB du groupe. Espérons que d'autres membres de notre famille élargie feront de même...

La musique « Américaine » s’est développée non pas depuis les motifs folkloriques des traditions importées d’Europe, mais probablement plus depuis celles importées d’Afrique – le Blues, le Jazz empruntant beaucoup plus des racines noires et indigènes d’Amérique, certaines influencées par les rites religieux (la musique Gospel et les « spirituals » de tradition noire, pour ne nommer que ceux-là).

Les rythmes saccadés qu’on associe avec le Jazz sont initialement codifiées dans le répertoire pour piano Américain entre 1897 et 1918 dans un mouvement qu’on appelle le ragtime. Le ragtime est une variante de la marche (popularisée en Amérique par Sousa) avec une polyrythmie venant des musiques africaines. Sur le clavier, tandis que la main gauche s'occupe des notes basses, la main droite8 doit effectuer une syncope, pour la mélodie, par rapport au temps. Le nom ragtime (trad, lit. temps en lambeaux, déchiqueté) vient donc de l'utilisation décalée que l'on donne à sa main droite dans le jeu.

Le plus célèbre compositeur de ragtime est Scott Joplin. Issu d’une famille Afro-Américaine Texane de six enfants, le premier contact du jeune Scott avec le piano a probablement lieu lorsque sa mère travaille comme femme de ménage dans la maison d'une famille blanche. Il apprend les rudiments du piano par lui-même, en autodidacte, et avec le temps la famille acquiert un piano et Scott prend des leçons du professeur allemand Julius Weiss. Ce dernier, conscient du talent de Scott, l'initie très jeune à la musique. Il lui apprend les techniques de l’harmonie et celles de la composition, ainsi que les genres musicaux européens, comme l’opéra.

Dans la vingtaine, Joplin entreprend une carrière de musicien itinérant; en 1894, il déménage à Sedalia, dans le Missouri, où il travaille comme pianiste dans des clubs comme le Maple Leaf et le Black 400. En même temps, il enseigne à plusieurs jeunes musiciens locaux, et continue sa formation dans un collège local. En 1899 il publie le Maple Leaf Rag; cette pièce devient un véritable phénomène dans l'environnement musical américain, et la partition se vendra à au moins un million d'exemplaires dans les années qui suivent (du jamais-vu dans l’industrie jusqu’alors). La publication du Maple Leaf Rag fait de Joplin l'une des grandes figures de ce nouveau courant musical, et son nom devient bientôt synonyme de ragtime. Suivront ensuite les titres associés avec Joplin : the Rag Time Dance, The Entertainer, etc.

L’œuvre la plus ambitieuse de Joplin est sans doute son unique « grand opéra » Treemonisha publié en mai 1911. L’histoire a pour cadre un village rural de l’Arkansas, non loin de l'endroit où Scott a grandi à Texarkana. Treemonisha, la seule afro-américaine instruite du village, affranchit les villageois de l’ignorance. La morale véhiculée par Joplin, qui voyait les problèmes des communautés afro-américaines, c'est que l’égalité raciale viendrait avec l’éducation. Jamais monté en entiier de son vivant, Treemonisha fut présenté pour la première fois en 1972, au Morehouse College d'Atlanta et ensuite au Grand Opera de Houston.

Le partage d’aujourd’hui propose une vingtaine de titres de Joplin, assemblés sur un disque émis pour la première fois en 1970. Le titre du disque « Original Piano Rolls 1899/1916 » suggère qu’il s’agit ici de rouleaux pour piano mécanique provenant de Joplin lui-même – pas le cas du tout. Nos recherches révèlent qu’il existe bel et bien une demi-douzaine de rouleaux authentiques taillés par Joplin pour les maisons Uni-Record et Connorized durant les dernières années de sa vie. On écrit que ces rouleaux ont sans-doute été revus par William Axtmann, pianiste au service de la société Connorized afin de corriger certaines imperfections. (Joplin était un pianiste chevronné, mais l’âge et la maladie avaient alors affecté ses facultés pianistiques). Ces prestations sont disponibles sur YouTube:



Les soi-disant « rouleaux originaux » sont sans doute authentiques et reflètent les courants de l’époque en question, mais sont de pianistes anonymes.


Les plages sont téléchgargeables depuis le site de domaine-public LiberMusica

Bonne écoute!


Scott JOPLIN (c.1868-1917)
  • The Entertainer (1902)
  • Pine Apple Rag (1908)
  • Reflection Rag (ca. 1907)
  • The "Rag Time Dance" (1902)
  • Sugar Cane (1908)
  • Combination March (1896)
  • Elite Syncopations (1902)
  • A Real Slow Drag (1911, Treemonisha: Act 3, no. 9)
  • Paragon Rag (1909)
  • Scott Joplin's New Rag (1912)
  • Solace (1909)
  • Paecherine Rag (1901)
  • Rose Leaf Rag (1907)
  • Swipesy Cake Walk (1900)
  • The Sycamore (1904)
  • Stoptime Rag (1910)
  • Silver Swan Rag (1914-18)
  • Original Rags (collab. Charles Daniels, 1899)
  • Pleasant Moments. Rag-Time Waltz (1909)
  • Scott Joplin's Best Rag (Potpourri)

Rouleaux pour piano mécanique (1896-1917)





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